
16 Nov Les MSP, ces couteaux suisses du travail social
Les maîtresses et maîtres socioprofessionnels (MSP) oeuvrent auprès de tout adulte en difficulté, temporairement ou sur le long terme. Ces femmes et ces hommes sont soit en formation professionnelle spécialisée, soit en réhabilitation, en recherche d’emploi, en cours de réorientation ou de réinsertion, en occupation ou en emploi dans diverses structures adaptées…
Leur quotidien consiste à les accompagner dans des activités de type professionnel les plus valorisantes et inclusives possibles, en prenant en compte leurs besoins, leurs ressources et leurs limites. D’aucun·e·s pourront (ré)intégrer l’économie, certain·e·s partiellement, d’autres pas du tout. Ça dépend de leur potentiel et du contexte socioéconomique notamment.
Les MSP doivent donc composer en permanence avec de nombreuses contraintes inhérentes à leurs domaines d’activité : social, pédagogique, professionnel, économique, environnemental… Leur accompagnement s’apparente à du coaching personnalisé et spécialisé, en vue de favoriser l’épanouis-sement professionnel et personnel des personnes fragilisées qui leur sont confiées.
Pour être à même de relever ce défi, les MSP jouissent d’un solide parcours : au minimum un CFC ou un certificat de l’ECCG (école de commerce et de culture générale), de l’expérience professionnelle et une formation tertiaire de 5400 heures sur 3 ans (1800 heures de cours, 1800 de formation pratique et 1800 de travaux à domicile). Et, souvent, leur CV est bien plus riche…
Généralement, cette formation supérieure est en outre réalisée en parallèle de leurs activités et responsabilités professionnelles, familiales, culturelles, sportives, politiques… Elle requiert beaucoup d’engagement et d’humilité, qui plus est en cette période de bouleversement et d’incertitude. Les MSP sont en effet directement impliqué·e·s dans la gestion de la pandémie.
Par exemple, elles/ils dépannent leurs employeurs en répondant à des attentes fort diverses : production dans certains ateliers sans participants, suppléance sur les groupes éducatifs. Leur polyvalence est aussi sollicitée en cuisine, en intendance, en logistique… Et elles/ils poursuivent leur formation à distance par voie informatique, tout en se préparant aux examens.
Tout cela dans un anonymat quasi total tant elles/ils sont discret·e·s ! Comparativement à d’autres professions, leur noble mission est en effet peu évoquée. Or, le métier et la formation existent depuis plus d’un demi-siècle et les MSP sont des acteurs-clés de l’inclusion et de la cohésion sociale, en créant régulièrement des ponts entre les secteurs économique et social.
En cela, leur action n’est pas une dépense mais un substantiel investissement dans l’accompagnement et la formation de citoyen·ne·s, ce qui permet d’alléger notre système de sécurité social. Cette profession fait donc partie de celles qui méritent d’être mises en lumière, en particulier dans le contexte actuel où tout un chacun peut se retrouver en difficulté.
Didier Fournier
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